Dan'kanal bichiques

5 mai 2013

Nous nous sommes inscrits à cette animation réalisée par l'Office de Tourisme de l'Est dans le cadre de la foire de Bras-Panon. C'est la première fois que cette découverte des canaux de bichiques est organisée.

Rendez-vous à 9h devant le Champ de Foire où notre guide nous attend. Elle nous emmène au bus qui va nous conduire à Rivière des Roches, rive de Bras-Panon. Nous sommes attendus là-bas par une association de pêcheurs de bichiques qui a vraiment bien fait les choses. Après un petit mot d'accueil, les pêcheurs nous emmènent vers la rivière.

L'estuaire de la Rivière des Roches est partagé entre la commune de Bras-Panon et celle de Saint-Benoît. Les pêcheurs de bichiques s'adonnent, sur les deux communes, à leur plaisir ou gagne-pain. Grosse différence cependant entre la partie-Bras-Panon où les pêcheurs pratiquent la pêche traditionnelle et la partie-Saint-Benoît, nous allons dire « un peu moins soucieuse de l'environnement » !

Nous nous approchons ensuite des canaux. Un pêcheur nous montre ses outils : la vouve (mot d'origine malgache signifiant nasse), au départ nic coco (nervures de palmier tressées), maintenant réalisée en métal mais toujours conçue sur le même principe : les bichiques entrent par l'ouverture ; or, comme celle-ci est sous forme d'entonnoir, ils ne peuvent ressortir et sont donc pris au piège.

Le canal est peu profond, environ 1 mètre d'eau pour celui que nous avons observé. Chaque canal, selon sa largeur, regroupe de 1 à 7 pêcheurs.

Les bichiques sont les alevins des cabots bouche ronde ; leur cycle est encore assez mystérieux car, comme dit un pêcheur, on ne peut pas mettre de balise sur un bichique ! Ils viennent de la mer et remontent les rivières, parfois assez haut en altitude car les cabots bouche ronde ont une ventouse qui leur permet de s'agripper aux rochers et même de remonter des chutes d'eau.

Quand ils arrivent du large, ils sont roses, quasiment transparents puis ils foncent de plus en plus en « vieillissant ». Les bichiques sont très prisés à la Réunion ; ils se vendent environ 40E le kg. J'ai appris aussi qu'il y a 2 sortes de bichiques : un bichique plus fin appelé le bichique sans-culotte (je ne sais pas si c'est un révolutionnaire!) et le bichique normal.

Les pêcheurs nous sont dit aussi que les bichiques sont imprévisibles : ils peuvent se précipiter, tels des moutons, dans un seul canal et délaisser tous ceux d'à côté, au grand désespoir des pêcheurs !

La pêche des bichiques est aussi liée à la lune : les bichiques ne remontent qu'en dernier quartier de lune. Les cabots bouche ronde sont très prolifiques : si j'ai bien compris, ils se reproduisent en haut des rivières et les larves descendent à la mer, d'où elles remontent ensuite. Certains pêcheurs les pêchent en mer.

Toutes les rivières ne sont pas favorables à cette pêche : essentiellement Rivière des Roches, Rivière du Mât, Rivière des Galets et Rivière Langevin.

De même, il semble que le bichique ne soit présent que sur certaines zônes de la planète, aux conditions climatiques proches de celles de La Réunion.

Nous retournons ensuite au local de l'association où un film nous est proposé.

Puis c'est l'heure de l'apéritif : samoussa-bichiques et canapés de bichiques, accompagnés bien sûr d'un punch !

Et me voilà désignée d'office pour préparer le carry-bichiques ! Je les ai prévenus : ils prennent des risques ! Mais non, le cuisinier a tout préparé : je n'ai qu'à verser dans la casserole et tourner … de plus en plus délicatement, puis laisser « croûter », c'est-à-dire prendre la couleur souhaitée.